Ce portable a été l'une des premières plus grandes réussites de Motorola qui venait enfin de sortir un cellulaire " petit, léger, ergonomique et accessible au grand public ". Et je dois dire que c'est un véritable plaisir pour moi d'écrire cet article, car ce téléphone évoque l'année 1999, l'année que je considère comme un tournant dans la téléphonie mobile : C'est l'année où le GSM, bien qu'accessibles au grand public, n'était pas encore une affaire trop commerciale…
Le Motorola M3588, était probablement l'un des meilleurs cellulaires disponible sur le marché de l'année, avec un faible poids (166g -cela fait sourire aujourd'hui-), une petite taille (140x50x28mm (Llp)-même commentaire-), une excellente finition, et une très bonne ergonomie.
Tout comme ses concurrents directs (Alcatel One Touch, Ericsson A1018…) les fonctions disponibles étaient basiques. Le portable permettait de téléphoner et d'envoyer des SMS, tout simplement… Et le public était très satisfait.
On ne trouvait sur l'appareil ni vibreur (destiné aux portables très hauts de gamme), ni horloge, ni WAP, ni sonneries téléchargeables, ni jeux… Mais bien entendu, tout ceci a été démocratisé l'année suivante.
-Le design, les touches et l'écran :
Design sobre et réussi. La façade avant est proposée en divers coloris (gris foncé, marron, vert pâle….) mais n'est pas amovible, comme c'était déjà le cas sur certains Nokia. Les lignes sont travaillées avec des petits effets de style, la vitre de l'écran n'est pas rectangulaire, mais possède une forme complexe suivant le contour de la touche OK et celui de la cuvette de l'écouteur. A l'intérieur de cette dernière plusieurs trous sont percés formant une harmonieuse disposition asymétrique chère à la marque. Le haut de la face arrière est orné d'un très beau cache-vis en caoutchouc avec le M stylisé de Motorola.
Les touches larges et espacées en silicone, sont très agréables aussi bien à l'œil qu'au toucher. La touche OK est stylisée, et celle de mise sous tension arase la coque afin de ne pas éteindre ou éclairer accidentellement le portable. La peinture des touches est de très bonne qualité, car aucune usure prématurée n'a été à signaler.
L'écran de faible résolution possède deux lignes d'icônes pré-dessinées sur sa partie haute qui affichent en permanence l'état du portable (niveau de batterie et d'intensité du signal, réception d'SMS, sonnerie connectée…). Il a également 3 lignes d'affichage libre, sur lesquelles s'affichent tout le reste.
Le rétro-éclairage vert de l'écran, émis par 4 diodes (2 à gauche/2 à droite) n'est pas suffisamment puissant, et une légère zone d'ombre persiste au centre.
-Les menus
Etrangement les menus de Motorola étaient plus simples et intuitifs en 1999 qu'aujourd'hui. Mais il est vrai qu'il y avait moins de fonctions à gérer. De plus certains choix restent difficilement explicables, comme celui par exemple d'avoir mis le sous-menus " 10 derniers appels reçus " dans le menu " annuaire "…
La navigation même si certains la trouve peut intuitive, est cependant immédiate. A chaque option ou choix est posé une question comme par exemple " Lire ? " " Activer ? " " Répondre ? " il faut alors presser OK pour accepter ou C pour refuser.
Les menus sont pensés pour tous. Les utilisateurs les moins expérimentés gardent le réglage usine qui leur donne accès seulement aux fonctions de base. Les accros des réglages peuvent accéder au menu étendu qui permet l'accès à plus de d'options ( comme le compteur total, le mode faible consommation, la tonalité du clavier, etc…)
Le téléphone permet également de créer très facilement ses propres raccourcis menus. Cette fonction s'utilise très simplement grâce à sa touche d'accès direct. Elle permet l'accès simplifié aux 9 fonctions les plus utilisées, et elle est très conviviale grâce à la présence d'une petite icône pour chaque menu.
Il manque cependant une fonction utile dans ce portable : c'est celle du verrouillage du clavier. On peut palier à ce problème en utilisant la fonction verrouillage immédiat, (que l'on peut assigner à un raccourci), et qui bloque le téléphone. Mais cela oblige à taper le code de déverrouillage pour répondre à un appel.
-La sensibilité au réseau.
A cette époque seulement 95% de la population et 76% du territoire étaient couverts en moyenne par les réseaux (hiver 1999 sans inclure Bouygues, contre 98% de la population en hiver 2000 avec les mêmes critères), et c'est vrai que pour palier à ce genre de problème Motorola a offert à son portable une excellente sensibilité au signal bien meilleure, non seulement à de nombreux portables de la même période, mais plus étonnant encore, à certains portables actuels à antenne interne (dont plusieurs smartphones ! ! !). Ceci souligne d'ailleurs un problème important : Actuellement certains constructeurs préfèrent soigner le design et la fonctionnalité de leurs portables plutôt que leur capacité à communiquer…
Un autre atout du téléphone, est que l'on peut choisir les intervalles de recherche avec une fréquence allant de lente à permanente. Cela permet de choisir entre économie d'énergie, et liaisons fréquentes avec le réseau en zone de mauvaise réception. Ce concept a d'ailleurs été conservé sur les autres modèles de la marque.
La seule ombre noire au tableau est l'absorbance (SAR). Bien que je ne connaisse pas la valeur exacte de celle de ce modèle, je peux certifier qu'elle est nettement supérieure à n'importe quel autre portable récent.
-En communication :
Le volume sonore du haut-parleur est suffisamment élevé et réglable à l'aide d'une touche spécifique.
Cependant l'appareil et le haut-parleur ne rendent pas un son très fidèle. Cette qualité médiocre se manifeste aussi par un léger crachement sonore constant en fond.
A ce bruit de fond vient se rajouter un bruit de réception des ondes particulièrement élevé.
Qualité normale pour 1999, mais avec l'avancée du progrès et les nouvelles habitudes, cela nous paraîtrait particulièrement désagréable aujourd'hui.
- Les SMS (minis-messages)
L'écriture intuitive (T9) n'était pas encore démocratisée. Mais l'écriture des SMS sur ce mobile reste très facile, et pour tous. Elle est aussi bien pensée pour les plus lents que pour les plus rapides. En effet j'ai trouvé sur ce portable une option très pratique que je n'ai jamais plus revu ailleurs : Le curseur reste toujours actif sur la dernière lettre. C'est à dire que si vous avez écrit " SALT " une seule pression sur la touche 8 permet d'écrire " SALU " même longtemps après.
Mais on peut tout de même adresser plusieurs reproches à ce mode, comme la permutation des majuscules en minuscules trop longue (il faut faire un appui long sur n'importe quelle touche alphanumérique), les menus de traitement des SMS reçus ou à envoyer insuffisamment complets, le dernier SMS écrit reste affiché sur l'écran, et surtout seul le numéro du correspondant est affiché (lors de la réception d'un SMS) même si ce dernier est enregistré dans le répertoire.
Dernier point, il manque une fonction qui aujourd'hui semble indispensable : c'est la fonction accusée de réception, la seule option démocratisée en 2000 que je trouve réellement intéressante.
-Les alertes
Les sonneries sont classiques avec les sonneries "standard" "française" "britannique" "allemande"… ainsi que des sonneries qui font plus penser à un vrai portable, avec notamment la fameuse " aiguë " qui bien que très puissante ne fait pas sursauter.
Les autres alertes en revanche (Bip de réception des SMS ; Bip de batterie faible ; Bips de mise en fonction et extinction du portable et de la batterie) ne sont pas configurables.
Autre gros atout des alertes : Leur volume.
Ce dernier possède une grande plage de réglage. Sur nos portables actuels on ne se sert en général jamais des réglages de son intermédiaires. On utilise souvent le portable sur le minimum, le maximum et parfois sur le volume 2. Sur cet appareil les différences sont telles d'un niveau à un autre, que le niveau minimum -très faible- est idéal pour la nuit et que le niveau maximal est suffisamment élevé pour les avenues bruyantes. Les niveaux intermédiaires deviennent donc très intéressants pour les autres situations.
Autre petit détail les anciennes alertes " classiques " sont bien plus puissantes et agressives que les actuelles alertes polyphoniques (midi), Hi-Fi (wave), Mp3, ou true sound (amr) pour ne citer qu'elles ; bien que ces dernières soient moins désagréables…
En communication il est regrettable qu'il n'y ait aucun bip de double appel, et qu'il y ait seulement marqué le nom du correspondant avec la question " répondre ? ". Mais je me suis toujours demandé si ce n'était pas dû à un bug de mon appareil… Je n'ai malheureusement jamais pu vérifier…
- l'autonomie
L'autonomie est plus que correcte pour un portable de 99. Elle peut durer jusqu'à plus d'une semaine en veille sans trop téléphoner, pour une batterie neuve. Le fabricant a opté pour une grosse batterie (102x29x11mm Llp) aux ions Nickel qui se charge pourtant assez vite -entre 3 et 4 heures- mais qui demande un amorçage (une charge continue d'environ 14h) à sa première utilisation ou lors d'une longue durée de non-utilisation.
Il s'est avéré que la batterie a donné des bonnes performances pendant environ 2ans et demi sans en prendre grand soin.
La fonction du menu étendu " Mode faible consommation ", permet de stopper, en communication et lorsqu'on ne parle pas, l'envoi d'informations au correspondant. Au final on peut réaliser une petite économie d'énergie. A noter que cette fonction est toujours disponible sur les Motorola récents.
Une fonction sympathique permet de regarder en un clin d'œil et plus précisément l'énergie restante dans la batterie.
- Solidité et vieillissement
La robustesse du portable a été phénoménale : malgré un très mauvais traitement (chocs, eau, poussière), seulement une ligne de l'écran a rendu l'âme. Cependant après 3 ans d'utilisation la batterie a perdu toute sa capacité pour ne tenir plus qu'une journée au plus en veille et quelques minutes en communication.
Après 5 ans la prise du chargeur ne fonctionnait plus du tout, et l'écran très mal. A noter que les touches ne se sont que très peu effacées, et que la peinture des coques a été particulièrement résistante.
Autre point intéressant l'écran n'est que très peu sensible aux rayures. Pour la petite anecdote le portable dès son 2nd jour a frotté contre la lame d'un tournevis qui était avec lui dans le filet d'une poche d'eau Zéfal (communément Kamelbak), et les rayures ne furent que superficielles et s'atténuèrent avec le temps.
Enfin une fiabilité à tout épreuve pendant 2 ans ce qui n'est pas rien.
EN CONCLUSION :
Je vous ai présenté un portable de l'an 99, un appareil uniquement destiné à communiquer. Si certains progrès actuels restent très intéressants comme le vibreur, les accusés de réception, le son haute résolution et peut-être le WAP pour certaines utilisations, d'autres -il ne faut pas se voiler la face- ont juste été créés pour le commerce. Je pense notamment aux sonneries téléchargeables, aux EMS, aux MMS, aux jeux téléchargeables (JAVA).
De même pour les applications annexes si certaines comme l'horloge et la date sont nécessaires, d'autres comme l'appareil photo, le thermomètre (une hérésie car il est toujours à 37° devinez pourquoi), la reconnaissance vocale et l'écran couleurs sont juste des arguments commerciaux.
L'état d'esprit n'était pas le même, et je me demande souvent si je ne préférais pas celui-ci, quand je vois tout ce qui se passe autour de moi aujourd'hui, entre les gens qui flambent avec leur portable, et ceux qui ne téléphonent jamais et passent leur temps à s'amuser avec… Mais bon, je les comprends c'est la société actuelle qui veut ça...
Mais je le répète encore une fois ce que je trouve aberrant par-dessus tout c'est que des portables de 1999 comme celui-ci ou encore l'Ericsson A1018, les anciens Philips fisio ou les anciens Alcatel One Touch soient plus aptes à établir et à maintenir une liaison radio avec le réseau que de nombreux portables actuels dont certains hauts de gamme…
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