01/09/2006 : Le calvaire de Sabine face aux antennes-relais de téléphonie mobile
Parce qu'elle est hors des normes de tolérance aux
ondes électromagnétiques émises notamment par les antennes-relais
de téléphonie mobile, Sabine Rinckel, une Strasbourgeoise de 42
ans, souffre d'une pathologie rare non reconnue en France: l'électro
hypersensibilité (EHS).
La vie de cette femme a basculé en avril 2003. "Du
jour au lendemain j'avais une réception, des sifflements d'oreille, des
fourmillements dans les doigts et les jambes, des maux de tête et des
raideurs dans le dos", raconte-t-elle.
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Sabine Rinckel, qui a subi une opération à la mâchoire en
1981 avec installation de plaques et de vis sur des os du visage, ressent des
décharges électriques et d'intenses vibrations aux endroits où
elle a été opérée: "Je disais que je ressentais
du courant dans le visage."
Dans le salon de son trois pièces, la télé
zappe toute seule, les ampoules varient d'intensité ou éclatent.
Le concierge se rend chez elle et entend lui aussi des sifflements et des bourdonnements
sans pouvoir dire d'où ils proviennent.
Cependant, pour elle, l'origine de ses symptômes ne fait
pas de doute: il s'agit de l'antenne-relais installée sur le toit de
son immeuble HLM.
Son bailleur social, vient constater à son tour les
perturbations. Elle déménage en octobre 2003 dans un autre secteur,
mais ses symptômes persistent, les antennes étant présentes
partout dans le paysage urbain.
Sa pathologie qui frappe les personnes sensibles aux appareils
émettant un champ électromagnétique a été
reconnue en 2004 par l'OMS, la Grande-Bretagne et la Suède mais pas par
la France.
Des examens médicaux ne révèleront aucune
maladie. "Les médecins me répondent qu'ils ne peuvent pas
reconnaître quelque chose qui n'est pas connu. Pourtant ce que je ressens
est si fort que je peux dire où se trouvent les antennes sans les voir",
assure-t-elle.
Pour Marc Cendrier de l'association Robin des toits, "son
cas n'est pas une exception, mais son organisme a des réactions pathologiques
plus intenses en raison de ses antécédents médicaux lourds".
Selon lui, le coeur du problème se situe au niveau municipal
: "Si les responsables de la ville acceptaient d'y voir un problème
réel, ils seraient dans l'obligation, moralement, de prévoir des
secteurs où les émissions seraient allégées."
En janvier dernier, la ville de Strasbourg a décidé
de geler l'implantation d'antenne sur des immeubles en l'absence de charte avec
les opérateurs et dans l'attente des résultats d'une étude
épidémiologique menée à l'échelle européenne.
Fabienne Keller, maire de la ville, souhaite que s’applique
le principe de précaution, rappelant qu’elle propose depuis plus
de trois ans la signature de cette charte qui permettrait de limiter le niveau
des ondes émises, charte à laquelle les opérateurs ont
répondu par une contre-proposition.
Citant une récente étude britannique, René
Szwarcberg, responsable des relations extérieures réseau chez
Bouygues Télécom, souligne que les personnes comme Mme Rinckel
sont extrêmement rares. "J'aimerais faire quelque chose pour elle
mais je ne peux rien faire. Alors faut-il pour autant priver 300.000 Strasbourgeois
de téléphonie mobile?", s'interroge-t-il.
Pour échapper à son problème, Sabine Rinckel
espère sans trop d'illusions obtenir un logement préservé,
en zone dite "blanche". Inexistantes à Strasbourg, "ces
zones seront couvertes d'ici peu en raison des milliards dépensés
par l'Etat et les opérateurs pour les relier au réseau",
explique M. Szwarcberg.
A défaut de pouvoir, faute de moyens, engager une action
en justice contre les opérateurs, elle s'est retournée contre
CUS Habitat, son bailleur social.
Le procès, reporté déjà à
quatre reprises, doit avoir lieu le 8 septembre.
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